Une approche participative pour lutter contre les TMS
Pour Laurent Kerangueven, expert en prévention des TMS à l'INRS, les leviers pour agir sur ces maladies sont nombreux et accessibles à tous. Il est important de dresser un état des lieux avant de les actionner et d'associer opérateurs, encadrants intermédiaires et équipe dirigeante à la construction des solutions.
Date de mise à jour : 25 mars 2024 - Auteur : Armelle Gegaden
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La prévention des TMS s’organise en amont des chantiers. Elle passe par la collecte d’indicateurs et une évaluation des contraintes auxquelles les salariés seront confrontés sur le terrain. Cette approche ne peut être que participative, selon Laurent Kerangueven. De nombreux outils existent pour aider les entreprises à cerner leurs priorités.
Comment aborder le sujet des TMS dans les entreprises de BTP ?
Il est essentiel d’ancrer sa démarche dans une logique de prévention collective. Penser que les TMS sont des pathologies individuelles est un piège. Il s'agit d'atteintes multifactorielles qui relèvent notamment de l’organisation et des conditions de travail. Les TMS sont surtout liés à des facteurs de risques professionnels. Il convient de les identifier et de trouver des leviers d’action, en associant l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise : opérateurs, encadrants intermédiaires et équipe dirigeante. Cette approche participative doit être globale et inclure des actions de sensibilisation et de formation. Il faut s’attaquer à la source du risque et éviter de se cantonner à la dimension purement technique du sujet, qui se traduit souvent par la seule mise à disposition d’équipements d’aide à la manutention.
Avez-vous des exemples de leviers organisationnels permettant d’agir sur les TMS ?
La prévention des TMS s’organise dès la préparation des chantiers. Elle débute par une évaluation des contraintes auxquelles seront exposés les salariés, et par la mise en place de mesures de prévention adaptées. Pendant le chantier, des mesures organisationnelles sont de nature à réduire l'exposition à certaines contraintes. Cela peut passer par la diversification des tâches des opérateurs, par des marges de manœuvre laissées aux salariés pour s’entraider, par la gestion anticipée des aléas de production…
Quels outils les entreprises ont-elles à leur disposition ?
L’INRS met à leur disposition des démarches, des méthodes et des outils. Le dépliant de sensibilisation TMS tous concernés leur donne une meilleure compréhension du phénomène. L’INRS a aussi développé une méthode d’analyse de la charge physique de travail. Elle propose une grille qui permet aux opérateurs, aux préventeurs, à l’encadrement intermédiaire et aux représentants du personnel, d’identifier et d’échanger sur des difficultés rencontrées dans le travail. La méthode offre aussi des grilles d’analyse qui aident à identifier et objectiver les facteurs de risque. La Cnam développe également TMS Pros, une offre de services aux entreprises pour les aider à s'engager dans la prévention des TMS. De son côté, l’OPPBTP propose une démarche participative adaptée aux métiers du BTP, Adapt-BTP ainsi que des solutions pratiques testées dans le secteur.
Comment se poser les bonnes questions ?
Il est important de dresser un état des lieux de la situation de l'entreprise. Il s’appuie sur le recueil et le suivi d'indicateurs relatifs à la gestion du personnel (absentéisme, turn-over…), à la santé au travail (nombre d'AT/MP, d'inaptitudes…) ou à la performance de l'entreprise. Cet état des lieux permet à l'entreprise de prendre conscience qu'elle est concernée par les TMS et lui sert à prioriser les actions.
La prévention des TMS s’organise dès la préparation des chantiers.
Laurent Kerangueven est ergonome et expert assistance conseil en prévention des TMS à l’INRS, au sein du département expertise et conseil technique et du pôle approche globale des situations de travail.